Des expériences utilisant des techniques de neuroimagerie, telles que l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), ont montré que la décision de faire un mouvement peut être prise inconsciemment, avant que la décision ne soit consciente.


L’étude de Libet et ses collègues en 1983 est considérée comme l’une des premières expériences à mettre en évidence l’existence d’un potentiel d’action cérébral avant que la décision consciente de bouger ne soit prise. Les participants devaient appuyer sur un bouton, mouvement a priori volontaire, à un moment de leur choix, en observant une horloge, tout en signalant le moment où ils avaient pris leur décision. Les résultats ont montré que l’activité cérébrale préparatoire à la réalisation du mouvement a commencé environ 500 millisecondes avant que les participants ne signalent leur décision. Pendant ce temps, leur cerveau a été mesuré à l’aide d’un électroencéphalogramme (EEG) pour enregistrer l’activité électrique du cerveau, ainsi qu’un chronomètre pour mesurer le moment exact où le mouvement a été effectué. Les résultats de l’étude ont montré que l’activité électrique du cerveau nécessaire pour effectuer le mouvement a commencé à apparaître avant que le participant ne signale sa décision consciente de faire le mouvement. Cette découverte suggère que le cerveau peut décider de faire un mouvement avant que le sujet ne soit conscient de cette décision.


Lau et Passingham (2006) ont mené une étude similaire dans laquelle les participants devaient appuyer sur un bouton, mais cette fois-ci ils ne devaient pas signaler le moment où ils avaient pris leur décision. Les résultats ont montré que l’activité cérébrale préparatoire à la réalisation du mouvement a commencé environ 200 millisecondes avant que les participants n’appuient sur le bouton. L’étude menée a examiné les processus neuronaux impliqués dans la prise de décision consciente. Les participants de l’étude ont été invités à effectuer une tâche de prise de décision impliquant des choix entre deux stimuli visuels présentés à l’écran. Pendant qu’ils effectuaient cette tâche, les participants ont été soumis à une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour mesurer l’activité neuronale dans leur cerveau. L’analyse des données a révélé que l’activité dans deux régions cérébrales, le cortex cingulaire antérieur et le cortex préfrontal dorsolatéral, était associée à la prise de décision consciente. En particulier, le cortex cingulaire antérieur était actif lorsqu’un choix était fait entre les deux stimuli, tandis que le cortex préfrontal dorsolatéral était actif lorsqu’une décision était prise. L’expérience consistait à demander aux sujets de décider quelle direction ils devaient prendre pour atteindre une cible. Les stimuli visuels étaient présentés de manière subliminale (trop rapidement pour que les sujets en soient conscients) ou de manière consciente (assez longtemps pour que les sujets les voient clairement). Les résultats ont montré que l’activité dans la zone préfrontale dorsale du cerveau était corrélée avec la prise de décision consciente. Cette région est impliquée dans le traitement de l’information sensorielle et la planification des mouvements. L’activité cérébrale associée à la perception visuelle a commencé peu de temps après la présentation du stimulus, même lorsque les participants n’étaient pas conscients de l’avoir vu. Cependant, l’activité cérébrale associée à la prise de conscience n’a été observée qu’après un délai significatif par rapport à l’activité associée à la perception visuelle.


Haynes et ses collègues (2007) ont mené une autre expérience dans laquelle les participants devaient choisir entre deux options (appuyer sur un bouton avec leur main droite ou leur main gauche), tout en étant scannés par IRMf. Les résultats ont montré que l’activité cérébrale préparatoire correspondant à la décision était présente jusqu’à 10 secondes avant que les participants ne soient conscients de leur choix. Dans cette étude, les participants devaient appuyer sur un bouton avec leur main droite ou leur main gauche en réponse à un signal visuel. Pendant ce temps, leur activité cérébrale était mesurée à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Les résultats ont montré que l’activité cérébrale dans une région du cortex préfrontal, appelée le cortex frontal médian, était liée à la décision que les participants allaient prendre avant qu’ils ne soient conscients de leur choix. Ces résultats ont des implications importantes pour notre compréhension de la prise de décision consciente et inconsciente. Ils suggèrent que notre cerveau peut être en train de traiter de l’information et de prendre des décisions sans que nous en soyons conscients. Cela peut expliquer pourquoi nous avons parfois l’impression que nos décisions sont prises « automatiquement » ou « inconsciemment ».


Une étude menée par Soon et ses collègues en 2008 a montré que l’activité cérébrale associée à la décision de faire un mouvement pouvait être détectée jusqu’à 10 secondes avant que la personne en soit consciente. Dans cette étude, les participants devaient appuyer sur un bouton avec leur main droite ou gauche, et les chercheurs ont utilisé l’IRMf pour mesurer l’activité cérébrale. Les résultats ont montré que l’activité cérébrale dans une région du cerveau appelée le cortex moteur primaire était plus élevée environ 7 secondes avant que les participants ne prennent leur décision consciente de mouvement. Contrairement à l’étude menée par Haynes et ses collègues, cette étude se concentrait spécifiquement sur la décision de faire un mouvement, plutôt que sur un choix entre deux options. Dans cette étude, les participants devaient également appuyer sur un bouton avec leur main droite ou gauche en réponse à un signal visuel. Les chercheurs ont mesuré leur activité cérébrale à l’aide de l’IRMf et ont constaté que l’activité cérébrale dans le cortex moteur primaire était plus élevée environ 7 secondes avant que les participants ne prennent leur décision consciente de mouvement. Ces résultats ont des implications similaires, suggérant que notre cerveau peut être en train de traiter de l’information et de préparer des actions sans que nous en soyons conscients.


Depuis 2008, il y a eu de nombreuses autres expériences menées pour explorer la prise de décision inconsciente et préconsciente en utilisant des techniques d’imagerie cérébrale telles que l’IRMf et l’électroencéphalographie (EEG). Certaines de ces expériences ont confirmé les résultats précédents, tandis que d’autres ont apporté de nouvelles informations sur les mécanismes sous-jacents de la prise de décision.

L’étude menée par Schurger et ses collègues en 2012 a remis en question une hypothèse largement acceptée selon laquelle la préparation d’une décision consciente était associée à une activité cérébrale spécifique dans le cortex préfrontal. Au lieu de cela, ils ont découvert que l’activité cérébrale associée à la prise de décision consciente était largement répartie dans tout le cerveau, sans aucune région spécifique.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé des techniques d’imagerie cérébrale pour mesurer l’activité cérébrale de participants qui devaient faire des choix simples, tels que choisir entre deux boutons. Ils ont constaté que l’activité cérébrale liée à la préparation de la décision était répartie dans tout le cerveau et n’était pas concentrée dans le cortex préfrontal comme on le pensait auparavant.

Depuis l’étude de Schurger et ses collègues en 2012, il y a eu de nombreuses autres études menées sur la prise de décision qui ont permis de mieux comprendre les mécanismes cérébraux impliqués dans ce processus complexe.

Par exemple, en 2017, une étude publiée dans la revue « Nature Neuroscience » a révélé que l’activité cérébrale associée à la prise de décision pouvait être prédite à partir de la connectivité fonctionnelle du cerveau. Les chercheurs ont utilisé des techniques d’imagerie cérébrale pour mesurer la connectivité fonctionnelle entre les différentes régions du cerveau chez des participants effectuant une tâche de prise de décision. Ils ont ensuite utilisé ces mesures pour prédire avec précision quelle décision les participants allaient prendre avant qu’ils ne la prennent réellement.

En 2018, une autre étude publiée dans la revue « Science » a montré que la prise de décision était influencée par des signaux électriques qui se propageaient dans tout le cerveau à des vitesses très élevées. Les chercheurs ont mesuré ces signaux chez des participants effectuant une tâche de prise de décision et ont constaté que les signaux qui ont conduit à la décision finale ont été précédés par une phase de synchronisation des signaux électriques dans différentes régions du cerveau.

L’étude publiée dans la revue « Cell » en 2021 montre que les neurones dans différentes régions du cerveau peuvent être activés à des moments différents lors de la prise de décision. Les chercheurs ont mesuré l’activité des neurones dans différentes régions du cerveau chez des participants effectuant une tâche de prise de décision et ont découvert que certains groupes de neurones étaient activés avant d’autres, suggérant que la prise de décision est un processus complexe qui implique de nombreuses régions cérébrales travaillant ensemble. Plus précisément, les chercheurs ont étudié l’activité neuronale dans deux régions cérébrales différentes, l’insula et le cortex préfrontal ventromédian, pendant que les participants prenaient une décision en utilisant des signaux visuels. Les résultats ont montré que les neurones dans l’insula étaient activés en premier lieu, suivis de l’activation des neurones dans le cortex préfrontal ventromédian. Ces résultats suggèrent que la prise de décision est un processus dynamique et que différentes régions cérébrales jouent des rôles distincts à des moments différents lors de ce processus.

La prise de décision est un processus qui implique la perception, l’attention, la mémoire, le raisonnement et l’évaluation des options. Différentes régions cérébrales sont impliquées à différents stades du processus de prise de décision. Il est probable que l’insula soit activée à un stade plus avancé du processus de prise de décision, lorsque l’individu commence à évaluer les conséquences émotionnelles ou physiques des différentes options.